En phase de finition, les travaux de construction dans l’enceinte qui abritera aussi le Centre culturel et artistique pour l’Afrique centrale étaient suivis dans les détails et minutieusement par l’illustre défunt qui avait son mot à dire pour tout.
Construits et équipés selon les termes du contrat, les bâtiments longeant le boulevard Triomphal seront à la hauteur du centre à vocation panafricaine destiné à l’Afrique centrale et au niveau du prestige que feu Damien Pwono voulait redonner à l’Institut national des arts (INA). « Le professeur a été exigeant jusque dans les moindres détails, cela lui tenait à cœur que le campus de l’Institut national des arts soit un cadre qui profite à la jeunesse du Congo », a confié au « Courrier de Kinshasa » l’ingénieur civil Didier Kamunga. Il ne voulait pas manquer d’honorer « la mémoire de la brillante personne qu’il était » à la cérémonie académique du 18 mars en compagnie de l’architecte Guylain Lufua.
« Pour avoir été partie prenante du projet, il était très important de venir. Je lui rends ce dernier hommage la mort dans l’âme parce qu’il n’a pas vu l’œuvre qu’il a commencée achevée », a-t-il dit, renchérissant: « J’espère que l’opinion nationale se souviendra de ce qu’il a fait et même qu’au niveau international, on lui soit reconnaissant d’avoir fait le plaidoyer pour ce centre culturel d’Afrique centrale à Kinshasa. Et, cela devait s’arrêter là, mais il a proposé que l’on construise aussi l’Institut national des arts».
Pour sa part, Guylain Lufua, membre de la coordination technique des travaux, affirme que le Pr Damien Pwono « connaissait l’art et l’aimait tellement qu’il se montrait très exigeant au point que l’on se demandait s’il était technicien ou seulement artiste ». Il se souvient que tenant « à ce que son enfant, le centre culturel, voit le jour en dépit de son état de santé, il avait participé à la dernière réunion hebdomadaire le mois dernier ». Aussi, ajoute-t-il : « L’INA doit toujours garder en mémoire que son bâtiment du boulevard Triomphal a eu un géniteur magnifique qui s’est vraiment battu pour lui », se rappelant avoir assisté à « une discussion houleuse en Chine où, au-delà des bâtiments, il a émis des exigences pour les matériels musicaux et cinématographiques ». Faisant alors figure de spectateur, il a noté que Damien Pwono « prenait le problème à bras-le-corps, argumentant sur tout ce que la RDC devait gagner en équipements modernes. Comme il était à cheval entre les États-Unis, l’Afrique et la Chine, il savait ce qu’il y avait de mieux sur le marché ».
Guylain Lufua souligne qu’en ce mois de mars, les travaux sont en phase de finition. « Malgré sa mauvaise santé, vu que nous entamions cette phase, la dernière discussion avec le professeur portait sur les rideaux de la scène. Il justifiait le choix des couleurs, celles qu’il fallait absolument éviter et celles qu’il fallait prendre », a dit l’architecte.
« Le gros œuvre étant achevé, si tout marche bien, d’ici à décembre 2023, la RDC fera honneur à l’Afrique centrale pour l’inauguration du centre. Et, suite au départ du Pr Damien, ce sera l’occasion d’honorer sa mémoire, son combat de tous les jours. Nous y tenons et faisons en sorte que le centre soit fonctionnel pour le public congolais et les étudiants de l’INA », a-t-il soutenu.
Le site est à l’angle des avenues Assosa et Victoire et fait face au Palais du peuple en longeant le boulevard Triomphal et n’a que la police et la concession Nzolantima comme voisins immédiats. Son étendue est évaluée à 36 000 m2 bâtis, en considérant les trois parties, à savoir le Centre culturel, l’INA et l’hébergement de ses professeurs visiteurs. Et, des deux salles de spectacle, celle du Centre culturel a une capacité d’accueil de 2500 places et la seconde, propriété de l’INA, peut recevoir jusqu’à 800 personnes. La première, a renchéri Didier Kamunga, est « construite et équipée selon le standard international, à l’instar des salles d’opéra et prestigieux auditoriums. Il y a une scène, une fosse d’orchestre et tout le matériel et les équipements nécessaires pour offrir des spectacles de qualité ». Il a conclu :« J’espère que les étudiants se souviendront du professeur aussi parce qu’il a contribué à leur offrir des installations modernes à Kinshasa. Moi, il m’a fait apprécier l’art car il en parlait avec passion ».
Nioni Masela/ Adiac-Congo