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Inauguration du Centre Culturel et artistique de l’Afrique centrale

Alesh au Festival Femua 2023 : « La seule façon d’honorer la mémoire de Papa Wemba est de livrer un excellent concert (…)»

 

De son vrai, Alain Chirwisa, l’artiste musicien congolais, King Lesh – Alesh, entame, dès le 2 mars prochain, une tournée africaine qui l’emmènera dans 11 villes d’Afrique. Dans cet entretien exclusif accordé à Arts.cd, l’auteur de l’album « Mongongo » porte un lourd fardeau, à l’en croire, de rendre hommage à Papa Wemba à Abidjan, là où ce dernier a succombé, en 2016.

Après une année 2022 marquée par son procès contre Bracongo, et a lancé, récemment, son tout dernier clip « Vu », King Lesh répond à cœur-ouvert aux questions sur sa musique rap et sa participation aux côtés notamment de Ferre Gola au festival des musiques urbaines d’Anoumabo (FEMUA) 2023. Entretien

King Lesh, vous êtes l’une des figures de proue de la musique congolaise avec la particularité de s’intéresser aux faits sociaux. Comment vous vous définissez présentement dans la sphère musicale congolaise ?

Campagne de soutien aux FARDC/ Min. de la communication et médias

J’ai ramené quelque chose de particulier au regard de la musique que nous faisions auparavant avec d’autres artistes à l’instar de Lexxus Légal avant ma reconversion. Durant cette période, mon questionnement gravitait autour de savoir comment amener ce genre de texte que nous écrivons au niveau de la masse populaire parce que cette musique était plus recherchée. Actuellement, elle est appropriée par les congolais au niveau de toutes les couches sociales. Dans la scène musicale congolaise, j’ai une place de choix au regard du respect dont je bénéficie de la part de mes aînés et cadets. Mais aussi la crédibilité que mon nom représente ici au pays et dans la diaspora.

Autrefois, c’était le rap pur pour s’imposer dans la sphère musicale. Qu’est-ce qui justifie votre transition ?

Depuis 4 ans, je préfère me définir comme vocaliste plutôt comme chanteur. Je suis un musicien dont l’instrument principal est la voix. Je fais tout ce qui me passe par la tête avec cette voix. Il m’est arrivé de travailler les projets de musique classique, folklorique,…

Vous avez été plébiscité Prix Découverte RFI 2021. Pouvez-vous nous expliquer comment vous y êtes parvenu ?

Après avoir sorti mon album en 2021, il y a eu  l’annonce du prix Découverte RFI 2021. Je n’ai vu rien perdre en postulant à cette aventure. Ainsi, j’ai soumis mon album qui touchait  déjà les cœurs de plusieurs mélomanes. Il y a eu deux types de votes. Beaucoup d’internautes qui ont voté en ma faveur et le jury avait unanimement porté son choix sur moi, c’est ainsi que j’ai été plébiscité lauréat du prix découverte RFI 2021.

Plus d’une année après  ce prix.  Quels sont les actifs ?

L’artiste Alesh sur scène ph, tiers

J’ai bénéficié d’abord d’une cagnotte à la clef, d’une tournée africaine et il y a également 10.000 euros d’appui à la création artistique. J’ai fait mon premier concert dans le cadre du prix découverte RFI 2021 en 2022. Nous avons connu des petits soucis pour organiser la tournée africaine cette année. Raison pour laquelle nous l’avons ramenée cette année. Je viens de faire notre première sortie à Dakar au Sénégal, il y a une semaine. Nous sommes maintenant en train de nous préparer avec les bookeurs pour préparer la suite des productions prévues au Canada et en Europe.

« C’est vrai que je suis très connu dans nos milieux à l’instar de l’Afrique centrale. Par contre certaines personnes ne me connaissent pas sous d’autres cieux en l’occurrence au Maroc, Mauritanie, Afrique du Sud,… »

King Lesh, artiste musicien

Vous aviez déjà énormément acquis du succès notamment avec le titre « Boloko ya boye ». Le Prix Découverte RFI était-il encore nécessaire pour vous booster ?

Pendant plusieurs années, nous étions le roi de l’Afrique. D’après mes analyses, nos aînés se sont endormis sur leur gloire au Congo en se croyant déjà au sommet. Pourtant, les Nigérians travaillaient pour accroître son industrie musicale. Les Ivoiriens eux aussi bossaient en silence pour nous conquérir. Cette compétition a même causé notre relégation en quatrième position. J’évite de tomber dans les mêmes erreurs que mes aînés. C’est vrai que je suis très connu dans nos milieux à l’instar du Congo et en Afrique centrale. Par contre certaines personnes ne me connaissent pas sous d’autres cieux en l’occurrence au Maroc, Mauritanie, Afrique du Sud,… Pour moi, c’est évident que ce prix me permette d’être découvert par ces populations. La nécessité était aussi de tenter une deuxième chance après avoir échoué pour la première fois en 2005. Je voulais à tout prix remporter ce sacre pour la première fois.

Lors de votre tournée africaine, vous allez vous produire dans pratiquement 11 villes. Comment se déroulent les préparatifs ?

Les préparatifs, nous les avons entamés y a de cela 3 mois. C’est une équipe de quatre musiciens et un manager avec lesquels nous allons voyager pour nos concerts de Canada, Côte d’Ivoire, Congo Brazzaville, Goma, Bukavu,… Nous comptons également augmenter le nombre pour amener aussi nos danseurs.

Durant la tournée africaine vous allez également vous produire en Côte d’Ivoire, lieu où Papa Wemba a rendu l’âme. Est-ce cela vous affecte?

C’est vrai qu’il y a beaucoup d’émotions. Parce que nous allons jouer aux côtés des autres artistes au FEMUA. Mais sincèrement, je n’ai pas peur parce que je suis très spirituel. Pour nous, c’est important d’y participer pour lui (Papa Wemba) rendre hommage. La seule façon d’honorer sa mémoire est de livrer un excellent concert.

Vous allez aussi jouer à Goma. Quel type de message que la population de ce coin pourrait s’attendre ?

L’insécurité dans l’Est dure depuis près de 30 ans. Mon message sera toujours celui  que je porte partout où je me produis. A travers ma voix, je révèle la souffrance causée par ce qui se passe au Congo.

 Propos recueillis par Henock Mukuna