À 8 kilomètres au nord de la ville de Goma, dans la province du Nord Kivu, le camp de déplacés de Munigi vit une métamorphose inattendue. Loin des clichés habituels sur les camps de déplacés, ce lieu est devenu le théâtre d’une expérience artistique unique, initiée par Jonatemp Mbomba , un jeune peintre venu tout droit de Kinshasa se lançant dans un pari audacieux.
Armé de pinceaux et de pots de peinture, Jonatemp arpente les allées du camp, transformant les modestes abris en toiles géantes. Son objectif ? Insuffler de la vie et de l’espoir là où règnent trop souvent la morosité et le désespoir.
« Chaque bâche est une page blanche, chaque abri une histoire à raconter », explique l’artiste, les mains tachées de peinture multicolore. Son projet attire l’attention bien au-delà des limites du camp.
« Si l’art ne peut pas arrêter les balles ou nourrir les affamés, il peut nourrir l’âme et raviver l’espoir »
Les habitants de Munigi, d’abord surpris, ont rapidement adopté cette initiative. « C’est comme si notre camp était devenu un grand livre d’images », s’enthousiasme Faida, une jeune mère. « Mes enfants s’amusent à déchiffrer les messages cachés dans les peintures. Ça leur fait oublier, ne serait-ce que pour un moment, notre situation. »
Les œuvres de Jonatemp mêlent symboles de paix, références à la culture congolaise et messages d’espoir. Une fresque particulièrement appréciée représente une colombe avec une branche d’olivier dans son bec. La Colombe s’appelle Amani, elle prépare la guerre dans une grande marmite sur le feu, attisé par des grenades et de AK-47 comme.
« Qui veut la paix , prépare la guerre. La guerre est cuite, nous voulons la paix » explique Jonatemp. C’est notre histoire », commente un ancien du camp. « Même dans les situations les plus difficiles, nous trouvons toujours un moyen de tendre la main vers la paix. »
Le chemin vers une paix durable reste semé d’embûches. La région continue de faire face à des défis sécuritaires et humanitaires majeurs. Mais pour Jonatemp et les résidents de Munigi, chaque coup de pinceau est un pas vers un avenir meilleur.
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Si l’art ne peut pas arrêter les balles ou nourrir les affamés, il peut nourrir l’âme et raviver l’espoir. Et parfois, c’est tout ce dont on a besoin pour continuer à avancer.
Alors que le soleil se couche sur Munigi, les peintures colorées semblent prendre vie, transformant le camp en une galerie d’art à ciel ouvert. Une preuve vivante que même dans les endroits les plus inattendus, la créativité humaine trouve toujours un moyen de s’exprimer.
Franck N. K. /Goma/CE