Ecrivain, artiste, auteur-compositeur, parolier vivant dans l’hexagone, Didi Kembwarss se considère plus comme un libre penseur démocrate surtout amoureux de la justice pour tous. Passionné de l’écriture avec à la clef l’ouvrage «Destins brisés », Didi est l’invité de la semaine d’Arts.cd. Se préparant à lancer son projet musical « Sentimentalement vôtre » en 2022, et dans le cadre de l’inscription de la rumba congolaise sur la liste représentative des patrimoines culturels immatériels de l’humanité, lui qui porte sur sa tête plusieurs casquettes, n’a pas manqué des mots ni d’avis à émettre sur cette musique, à ce jour, patrimoine mondial.
Entant que expert, comment expliquez-vous les codes de la musique rumba congolaise à votre entourage ?
La rumba congolaise se repose sur une rythmique langoureuse qui accompagne le chant. Ce rythme est fait principalement avec la guitare, la basse, la batterie et ou la percussion. On peut toujours ajouter d’autres instruments, comme le Synthétiseur, le saxo, … mais avec l’obligation de respecter le tempo, tempo ou la vitesse d’exécution. Car, il y a un seuil à ne pas dépasser, quand le rythme est trop accéléré, on se éloigne de la rumba. La rumba congolaise se danse à deux, c’est un moment d’échange. Cette proximité rend cette danse agréable, surtout quand on danse avec la personne qu’on aime, les paroles sont aussi importantes dans cette musique, car elle raconte toujours une histoire, souvent les couples qui dansent chantonnent en même temps.
La rumba congolaise a un style d’accompagnement musical particulier, propre à elle qu’on utilise la guitare et le synthétiseur comme actuellement, la percussion ou la batterie. Cette façon de jouer, qui peut à la fois allier, joie, plaisir et aussi tristesse. Le fondement de la rumba congolaise repose sur une musique qui ne bouscule pas les couples des danseurs en harmonie mais les berce.
Chaque génération, sa rumba congolaise !
La rumba congolaise est inscrite au patrimoine culturel de l’humanité. Il s’agit de quelle rumba ? De Kallé, Kester, Ferre
Gola, Fally, Puisque chaque génération se réclame d’appartenir à une autre tendance musicale. Tokos Music, Afro Congo,…
La rumba a évolué avec le temps, chaque génération ajoute sa touche. La rumba de 1960 n’est plus pareille de celle jouée en 2021. Moi, je propose qu’on crée une commission, composée des artistes musiciens, des historiens, des politiques et des citoyens anonymes pour élucider la rumba congolaise qu’on doit protéger contre toute sorte de déformation, la rumba congolaise qu’on doit enseigner et transmettre de génération en génération.
Il est important de faire ce travail car l’influence persistante de la musique étrangère dans la rumba congolaise risque dans les années à venir, de changer complètement cette musique. Pour répondre à votre question, je vous dirai, c’est la rumba en général qui est inscrite aux patrimoines immatériels de l’UNESCO, c’est à nous de définir quelle version de la rumba, on doit protéger, préserver et promouvoir, on doit faire ce travail ensemble avec le Congo Brazzaville.
Après cette inscription, selon vous, comment faire pour maintenir la flamme de la rumba congolaise allumée ?
Il faut construire des grandes salles des spectacles, des salles d’exposition, il faut monter des festivals grandioses, en période régulière, cela va attirer les touristes du monde entier. Pourquoi pas aussi monter un pèlerinage, qu’on appellera par exemple, sur les routes de la rumba congolaise, à chaque étape, il y’aura de la musique et des expositions, c’est qui sera bénéfique pour l’économie de nos deux pays, avec l’afflux des touristes, et qui fera la promotion de la rumba congolaise en dehors de nos frontières.
« Il est grand temps de reconnaître ces paroliers (…) ils les écrivent et les cèdent avec tous les droits leurs chansons, souvent en échange des modiques sommes ! »
Rumba congolaise au patrimoine : 3000 ou 425 chansons, le répertoire de Tabu Ley fait débat !
Puisque la Rumba congolaise n’est pas seulement musicale, il y a aussi le texte. Quel peut être la part de contribution des paroliers dans cette musique patrimoine mondial ?
La rumba, c’est la musique et le chant, les paroliers ont accompagné l’histoire de la rumba congolaise. Dans chaque chanson, Il y’a une part de notre histoire (paroliers). Les textes des chansons doivent respecter les valeurs qui font qu’on aime écouter cette musique. Les paroliers ont cette responsabilité d’éviter les insanités, des paroles dégradantes. Les paroliers peuvent écrire des textes qui renvoient un message de paix, de fraternité au monde entier, ils doivent faire aimer la RDC, notre beau pays, dans leurs textes, car la rumba congolaise a pris sa place sur le toit du monde.
Mais je veux profiter pour parler des paroliers inconnus, qui travaillent dans l’anonymat total. Il est grand temps de reconnaître officiellement ces paroliers, beaucoup ne signent pas leurs chansons, ils écrivent des chansons et les cèdent avec tous les droits, souvent en échange des modiques sommes. On doit permettre à ceux qui écrivent des chansons sans faire de la musique professionnellement de pouvoir les protéger. Il faut que tous ces paroliers puissent toucher leurs droits convenablement, les chansons leurs appartiennent, ils cèdent leurs chansons par nécessité, le ministère de la culture doit mettre en place un mécanisme pour protéger le travail de tous ces paroliers, de les faire sortir de l’ombre, C’est possible.
Quels sont vos projets à court, moyen et à long terme ?
J’ai un nouvel album qui s’appelle « Sentimentalement Votre », l’album est fini, il y’a plus de 2 ans. Le Covid-19 a fait que son lancement en RDC a été retardé plusieurs fois. Ça sera la première campagne de promotion que je ferai en RDC, j’ai pris mon temps pour bien la préparer. Je présenterai cet album en live à Kinshasa en 2022.
Cette année, j’ai sorti aux éditions Baudelaire en France mon premier livre qui a pour titre : « Destins brisés », c’est du théâtre et en 2022, je sortirai un roman qui s’appellera, « Le Politiciens de chez nous ». Je suis en ce moment en train d’écrire une comédie musicale que je souhaite monter à Kinshasa.
Onassis Mutombo