Le cinéma attire de plus en plus, la pratique se faisant beaucoup plus courante depuis cinq ans qu’il y a dix à Kinshasa comme à Lubumbashi. Les réalisateurs financent seuls leurs projets mus avant tout par la passion comme le fait Fils Ngeleka, qui arrive à gagner des prix, en dépit de la précarité caractérisant le secteur.
Le milieu du cinéma est très prometteur à Lubumbashi. La nouvelle génération des cinéastes assure une certaine impulsion après celle de leurs devanciers des décennies précédentes avant les années 2 000. Ainsi, le cinéma y est décrit comme très actif et dynamique par les acteurs du secteur à l’instar de Fils Ngeleka. Il a dit au « Courrier de Kinshasa », à ce propos : « Il y a beaucoup de potentiel, beaucoup de talents s’y expriment certes, mais il recherche encore ses repères. Il en est à des balbutiements faute d’écoles de cinéma et de structures d’insertion professionnelle. Il n’y a pas de circuit de distribution de films, mais néanmoins beaucoup de volonté de la part des jeunes ».
Plusieurs jeunes ont beaucoup à raconter et veulent le faire. Des talents, il y en a plusieurs, mais tout peine à bien se mettre en place et avoir pleine expression parce qu’il faudrait de la formation. Bien plus, que cela rencontre un écosystème qui permette qu’à la fois la volonté des gens et leurs talents trouvent le moyen de s’exprimer pleinement.
Dans ce contexte où le septième art essaie de faire ses preuves, « recherche sa stabilité », il ne nourrit pas son homme, ne permet pas aux cinéastes de vivre de leurs réalisations. « Pour le moment, comme c’est le cas pour moi, le cinéma se pratique plus par passion que pour autre chose. C’est un medium qui me permet de m’exprimer et c’est pareil pour la plupart des personnes actives, des artistes actifs dans cette sphère dans le Katanga « , a dit Fils Ngeleka.
L’envie de raconter son quotidien, de sensibiliser sa communauté aux problématiques sociétales, de porter sa parole à travers le monde prime et mobilise les énergies autour de sa pratique. « Il ne suffit pas d’avoir la passion, d’être artiste, il faut se donner les moyens de son art. Je me donne les moyens de mon art pour pouvoir maintenir ma flamme« , a affirmé le jeune réalisateur.
« Nous sommes le changement » est l’un des courts métrages qui ont révélé Fils Ngeleka au public, sans doute à cause du sujet qu’il traite. Ce court métrage aborde une problématique sociétale, le lévirat. Le fait que la veuve soit donnée en héritage à l’un des frères de son défunt conjoint. « Je prends pour prétexte l’histoire que je raconte pour raconter ma vue sur le sujet, ma vision de changement, de développement pour le Congo. Au-delà du récit, je veux seulement dire que le changement sommeille au fond de nous, nous avons ce désir au fond de nous. Et, de la conjonction des uns et des autres peut naître le grand changement que nous appelons de tous nos vœux « , a-t-il expliqué.
Le cinéaste dit avoir trouvé un moyen de sensibiliser sa communauté, ses proches et le monde à la fois, sur le fait que le désir de changement voulu sur une question, un sujet ou un autre sommeille au fond de tout le monde. « La situation du Congo l’illustre assez bien, nous sommes impliqués dans la marche de ce pays à des niveaux différents de responsabilité mais si tous, les autorités y compris les citoyens lambda, ceux qui disposent de très peu ou pas de pouvoir, joignons nos volontés et actions de changement, nous pourrions apporter le changement. Changer le Congo comme nous souhaitons qu’il devienne », a conclu Fils Ngeleka.
Nioni Masela/Adiac-Congo