Le documentaire « This Is Congo », présenté à Venise, s’intéresse au défunt colonel de l’armée congolaise Mamadou Ndala. Malgré des lacunes, le film recèle quelques séquences exceptionnelles. Des collines où paissent de paisibles troupeaux de vaches émergent des nuages.
Les paysages du Masisi, sur lesquels s’ouvre This Is Congo, ont des airs de paradis. Le colonel Mamadou Ndala, « héros » et « martyr » de l’armée congolaise, y apparaît tel un prophète, un berger veillant sur ses ouailles.
Mais, depuis vingt-quatre ans, cette magnifique région vit en réalité l’enfer d’un interminable cycle de guerre qui a donné lieu à d’impressionnantes batailles, saisies par le réalisateur, Daniel Mc Cabe, au cours de ses trois années d’allers-retours entre les États-Unis (son pays) et la RD Congo. Ce photographe de guerre, reconverti dans la vidéo sans avoir perdu son sens du cadre, nous emmène au plus près du front pendant de très longues minutes. Assez près pour capter, par exemple, l’indiscipline et la désorganisation de la troupe sous la mitraille…
This Is Congo s’intéresse au destin d’une marchande de minerais, d’un couturier réfugié et, surtout, à celui de Mamadou Ndala, que l’on suit avec ses hommes, dans sa lutte contre l’une des rébellions les plus emblématiques de ces dernières années : le Mouvement du 23-Mars (M23).
Même si, à vrai dire, ce groupe armé n’est plus actif (né en avril 2012, il a été défait en novembre 2013), ni réellement typique des milices faiblement structurées qui subsistent dans cette partie du pays.
Un documentaire pédagogique
Le documentaire de quatre-vingt-treize minutes entend, au fond, analyser les causes du conflit. Une tâche d’autant plus ardue que ces dernières sont multiples et enchevêtrées : historiques, politiques, diplomatiques, économiques – le trafic de minerais dont la région regorge – autant qu’identitaires.
Se voulant pédagogique, il ne remplit qu’à moitié son objectif. Ses fastidieuses plongées dans les images d’archives opèrent des raccourcis gênants. Il fait, par exemple, du génocide des Tutsis, en 1994, la conséquence directe du sentiment de revanche des Hutus à la fin de la colonisation belge.
Trois décennies de gouvernement postcolonial et sa radicalisation finale sont effacées. Regrettable aussi le fait qu’il ne montre pas non plus le rôle, central, qu’a joué la brigade d’intervention de l’ONU aux côtés de l’armée congolaise dans sa victoire contre le M23.
A lire sur : http://mediacongo.net/article-actualite-31505.html