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Tous derrière les FARDC

Concert Congo solidarité : Entre droit de commémorer et devoir d’agir !

La mémoire collective est un territoire contesté, où l’exclusivité devient parfois source de tensions. Le concert « Solidarité Congo », événement caritatif réunissant Gims, Youssoupha, Gazo, Angélique Kidjo et d’autres le 7 avril prochain, cristallise aujourd’hui ce dilemme éthique.

D’un côté, une date associée à la commémoration du génocide rwandais; de l’autre, l’urgence d’attirer l’attention sur une tragédie contemporaine qui décime l’est de la République Démocratique du Congo. Cette controverse soulève une question fondamentale : peut-on hiérarchiser les souffrances et s’arroger l’exclusivité de certaines dates?

Tous pour Patrie

Les détracteurs du concert invoquent le respect dû aux victimes du génocide de 1994. Argument légitime en apparence, mais qui masque une réalité plus complexe. La commémoration authentique ne devrait-elle pas s’accompagner d’une vigilance face aux atrocités actuelles? « Curieux de savoir les critères du négationnisme et les limites, » s’interroge un internaute, pointant l’instrumentalisation politique d’une accusation grave. Le négationnisme consiste à nier des faits historiquement établis, non à organiser un événement solidaire à une date particulière.

Les tensions entre la RDC et le Rwanda dépassent largement le cadre d’un simple désaccord diplomatique. Depuis près de trois décennies, l’est congolais subit des violences systématiques, alimentées par des conflits pour le contrôle des ressources naturelles. Le M23, groupe terroriste soutenu par Kigali selon plusieurs rapports d’experts de l’ONU, poursuit une campagne de terreur qui a déplacé plus de sept millions de personnes. Face à cette catastrophe humanitaire, le silence relatif de la communauté internationale contraste avec l’indignation suscitée par la programmation d’un concert.

« Les Congolais n’ont-ils pas eux aussi le droit de pleurer leurs morts? » Cette question, posée par un défenseur du concert, résonne comme un appel à l’équité mémorielle. Les souffrances passées ne devraient pas occulter les tragédies présentes. La légitimité d’une commémoration ne saurait servir de bouclier contre les critiques légitimes adressées à un régime impliqué dans la déstabilisation de son voisin. Comme le souligne un autre commentateur: « Quand les Rwandais ont-ils commémoré les millions de Congolais morts directement à cause des actions monstrueuses de Kagame? L’ont-ils fait au moins une fois? Non. »

Le calendrier mémoriel mondial se trouve aujourd’hui saturé. Chaque jour marque l’anniversaire d’une tragédie quelque part sur la planète. Si chaque commémoration devait imposer un moratoire sur toute autre manifestation, l’action humanitaire serait paralysée. « Vous avez le droit de réfléchir sur le génocide mais la vie des autres ne s’arrête pas le 7 avril, » remarque judicieusement un internaute, rappelant que le devoir de mémoire ne peut justifier l’indifférence aux souffrances contemporaines.

L’accusation de négationnisme brandie contre ce concert révèle une instrumentalisation troublante de la mémoire traumatique. « Les Rwandais sous Kagame sont devenus si obsédés par le génocide qu’on dirait qu’ils sont hypnotisés et tétanisés à volonté sur cette question qui leur sert de béquilles chaque fois qu’ils veulent faire entendre leur voix, » observe un commentateur. Cette observation pointe un phénomène préoccupant: l’utilisation politique d’un traumatisme collectif pour étouffer toute critique d’un régime actuel.

La posture éthique défendue par les organisateurs du concert « Solidarité Congo » repose sur un principe simple: la solidarité humaine transcende les frontières et les calendriers. Les artistes engagés dans cette initiative utilisent leur notoriété comme caisse de résonance pour des voix trop souvent inaudibles sur la scène internationale. Leur démarche s’inscrit dans une tradition d’engagement artistique face aux injustices. « Gims a tout à fait le droit de se produire et d’exprimer ses opinions, » affirme un défenseur, rappelant que « critiquer un leadership politique est un élément fondamental de la libre expression. »

Le paradoxe de cette controverse réside dans la tension entre deux impératifs moraux également légitimes: honorer la mémoire des victimes passées et agir pour celles d’aujourd’hui. La résolution de ce dilemme ne peut venir d’une approche exclusive qui opposerait ces deux devoirs. Elle exige plutôt une éthique de la mémoire inclusive, qui reconnaît la pluralité des souffrances sans les hiérarchiser. Comme le formule un internaute: « Les vies rwandaises ne sont pas plus précieuses que les vies congolaises. »

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Le concert « Solidarité Congo » représente, au-delà de sa dimension artistique, un acte politique au sens noble du terme: une prise de position citoyenne face à l’injustice et à l’indifférence. Dans un contexte où la catastrophe humanitaire en RDC peine à susciter l’attention médiatique qu’elle mérite, ces artistes choisissent d’utiliser leur influence pour braquer les projecteurs sur une tragédie trop souvent reléguée aux marges de l’actualité internationale. Leur engagement questionne notre responsabilité collective face aux souffrances contemporaines et nous rappelle que la mémoire authentique ne s’accommode pas de l’indifférence au présent.

Cette polémique autour du concert « Solidarité Congo » illustre les dérives d’une mémoire monopolistique qui, sous couvert de respect pour les victimes du passé, détourne l’attention des responsabilités actuelles. La vraie fidélité aux leçons de l’histoire ne réside-t-elle pas dans la vigilance face aux atrocités présentes? Comme le résume un commentateur: « Les Congolais artistes se produisent en France, se concentrant sur les questions liées à leur pays. Cela ne concerne ni le Rwanda ni les Rwandais que nous sommes. C’est assez clair. Arrêtez de manipuler les gens; Kagame ne sera pas là éternellement. » Une invitation à dépasser les instrumentalisations politiques pour retrouver l’essence même du devoir de mémoire: un engagement pour que « plus jamais ça » s’applique à toutes les victimes, d’hier comme d’aujourd’hui.

_*©️ FNK*_