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«En 2020, la Covid 19 a mis à terre un secteur culturel déjà fragile en RDCongo» (Missy Bangala) 

Initiatrice de « Café littéraire de Missy » et entrepreneur culturel, Missy Bangala est ambassadrice du livre à Kinshasa. Dans cette page spéciale « Bilan et perspectives de arts.cd », elle revient sur l’année 2020 du secteur culturel en Rdcongo et fait ses propositions.

Quels sont les événements culturels qui ont marqué l’année 2020, selon vous ?

* L’organisation en février par Pôle-Eunic de la Fête du livre de Kinshasa, à Lubumbashi et à Goma avec plus d’écrivains internationaux. Un nombre incroyable d’ateliers et des descentes dans des écoles et des universités de la RDC. Ces rencontres étaient animées par des associations œuvrant dans la littérature : Alef, Envie d’écrire, Apéroésie, Café littéraire de Missy (CaLM). Durant cette période une librairie éphémère a été installée sur le parking de l’Institut Français qui a mis en avant un grand nombre d’ouvrages d’auteurs invités, d’éditeurs de la RDC et des bouquinistes.

* A l’occasion de la journée Africaine du Droit d’auteur, L’administration des Droits d’Auteurs au Congo (ADACO) a organisé le 14 Septembre 2020 une journée des discussions. Des plaidoyers ont été lancés, notamment sur les questions liées à l’accompagnement juridique des artistes. De quoi faire dire au président de ladite structure : « les droits d’auteurs, c’est ça l’État de droit « .

* Le Forum des culturels 2, cette grande rencontre des professionnels de la culture est une initiative du Collectif des Artistes et des Culturels, (CAC). « Le développement par la Culture et des Arts » a été le thème principal de cet évènement culturel. Des ateliers de réflexion ont été organisés dans quatre différentes commissions dont : « Droits d’auteur et droits voisins en RDC», « Statut de l’artiste et de l’opérateur culturel en RDC », «L’Entreprenariat et l’événementiel en RDC ».

* La 2ème édition du Prix Lokumu Arts.cd organisée par le média culturel Arts.cd. J’ai eu l’honneur de faire partie des nominés, l’idée maitresse qui anime les organisateurs de ce prix est de mettre sur les projecteurs les talents congolais, conformément au thème choisi: «Honneur aux génies créatifs». Contrairement à la première édition organisée en avril 2019 à l’hôtel Venus où il n’y avait que 16 catégories, cette deuxième édition a eu 25 catégories.

* Mutoto Dans’Afrika est un événement chorégraphique annuel à Kinshasa rassemblant sur dizaine de jours des ateliers de recherche et de création en collaboration avec des artistes pluridisciplinaires congolais et internationaux. Initiée par la compagnie Hara, cette activité met en avant la danse, la musique, l’écriture poésie (slam).

* Le concert RFI de Céline Banza à l’Institut français, où elle s’est vue remettre son prix Découvertes RFI 2019 par Richard Mouthuy, en présence du ministre de la Communication et médias, David-Jolino Diwampovesa Makelele. Un concert exceptionnel et riche d’émotion.

Quelles ont été les difficultés pour l’année qui s’achève dans le secteur culturel ?

Missy Bangala avec les enfants pH. Tiers

L’année a bien commencé pour le secteur, avec des ventes reparties à la hausse en janvier et février et des rencontres littéraires multiples dans le pays. L’arrêt des activités à la suite de la pandémie du coronavirus, a mis à terre un secteur déjà fragile en RDCongo. En fermant tous nos points de vente, hormis quelques points de ventes comme des supermarchés et vendeurs ambulants ont continués de proposer quelques ouvrages, cela a ouvert une période d’incertitude pour toute la chaîne du livre, des écrivains, des éditeurs aux libraires en passant par la diffusion-distribution. La perte de chiffre d’affaires pour l’année 2020 est énorme. En annulant nos rencontres littéraire et ateliers. L’entrepreneuriat numérique n’est, jusqu’à preuve du contraire, ni une manière adéquate et accessible de diffuser toutes les productions culturelles, ni une méthode équitable pour la répartition des revenus. Par exemple, nous avons vu que le livre numérique ne représentait pas encore une alternative viable en RDC. Les salons du livre virtuels ou les rencontres avec des écrivains en live streaming font bonne figure mais ne stimulent pas les ventes et encore moins la stimulation de la vie intellectuelle.

La fermeture des salles de spectacle, musées, institutions culturelles et autres monuments historiques a privé la population Congolaise d’accès à la culture, mais aussi à des revenus importants. Au plus fort du confinement mondial, 90 % des pays ont fermé leurs sites culturels et frontières ce qui a empêché beaucoup d’artistes Congolais qui vivent de leur prestation à l’extérieur du pays de leur revenus. Ce qui a causé une précarité financière énormes à moyen et long aux culturels plus que d’autres secteurs. À cela s’ajoute en outre une recrudescence des électrons libres qui s’adonnent aux vols pour se nourrir et bien évidemment à la mendicité.

 

Que proposez-vous pour l’année 2021 dans votre secteur ?

Ça serait un beau rêve, de voir l’importation des livres scientifiques, éducatifs être exemptés des taxes foncières. Que des livres des auteurs de la RDC, soient étudiés par des élèves et étudiants Congolais. Que le gouvernement s’investisse dans l’ouverture des bibliothèques avec des livres des auteurs principalement Congolais dans toute l’étendue du territoire national. Bien évidemment des subventions de recherche pour des chercheurs et étudiants qui veulent écrire sur un sujet précis enfin de vulgariser notre histoire.

 

Qu’attendez-vous du nouveau gouvernement dans votre secteur?

Avec la pandémie de COVID-19, la culture, comme tous les autres secteurs du pays ont étés affectés économiquement. Nous avons besoin de l’appui du gouvernement et autres partenaires. Et cela, pour atténuer les effets négatifs du confinement et du ralentissement économique, mais aussi pour accélérer le processus de rebondissement. C’est précisément ce que font de nombreux pays actuellement. Rendre les livres plus accessibles, en libéralisant la douane pour l’importation comme l’exportation des livres. Sans oublier les écoles qui constituent un grand relais de vente et d’échange des connaissances pour la jeunesse. Si nos gouvernants et le Ministère de l’éducation n’interviennent pas directement sur ce point, nous assisterons à une régression de notre système éducatif.

Valentin Kabandanyi