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Tous derrière les FARDC

Exclu : «Faire un film, c’est résoudre des problèmes (…) En route pour le Milliard n’a pas dérogé à cette règle » (Dieudo Hamadi) 

Le réalisateur et cinéaste congolais Dieudo Hamadi, nominé au prix Lokumu Arts.cd 2021, est en vogue depuis plusieurs semaines grâce à sa toute dernière  « En route pour le Milliard », un film documentaire qui retrace la résilience et le combat des victimes de la guerre des six jours de Kisangani, en 2000. Cette prouesse a été dans la sélection du Festival des Cannes en 2020. De « Examen d’Etat » jusqu’à ce documentaire, en passant par « Dames en attente » ou encore « Maman Colonelle », Dieudo Hamadi, qui nous a répondu sans langue de bois, est en train de se confirmer comme l’un des cinéastes les plus talentueux du continent noir. Entretien.

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En juin 2000, pendant six jours, les armées du Rwanda et de l’Ouganda, chacune alliée à un groupe rebelle congolais, se sont affrontées en RDC, dans les rues de la ville de Kisangani dans l’actuelle province de la Tshopo. Cette guerre qui a fait 3000 morts et des milliers de blessés, a poussé les victimes à créer une association qui se bat depuis plus de 20 ans pour obtenir une indemnisation promise par les belligérants et le gouvernement congolais. Sans succès, jusqu’à 2019, certaines victimes ont décidé de rejoindre la capitale Kinshasa par le fleuve Congo. Un voyage de 1734 km qui a fait objet du documentaire « En route pour le Milliard », déjà primé dans quatre cérémonies au niveau de l’Europe.

Arts.cd : Grace aux prouesses de « En route pour le Milliard », vous êtes mis en lumière par tous les grands médias  à travers le monde, comment vous vivez cette surmédiatisation ?

Dieudo Hamadi : Tout est relatif. Je suis content que l’on parle du film et du sujet qu’il traite, à savoir, la guerre de six jours à Kisangani.

Comment vous vous êtes retrouvé à faire du cinéma ?

Un peu par accident. J’étais censé devenir médecin. Et puis la vie m’a mis sur les routes du cinéma, d’abord à Kisangani chez moi en 2007, par le canal des studios Kabako de Faustin Linyekula, puis à Kinshasa en 2009 dans le cadre d’une formation initiée par Suka Production de Djo Munga, enfin à Paris en 2010, à l’Université d’été de la Femis.

Dieudo Hamadi pH. Tiers

« En route pour le Milliard », ton plus grand succès cinématographique jusqu’à présent ?

En tout cas c’est mon premier film à etre sorti en salles de cinéma (en France et en Suisse en ce moment, et bientôt en Belgique, en République Tchèque et aux Etats-Unis)

C’était facile le tournage de ce film ? Vous pouvez essayer de nous relater les coulisses derrière ?

Faire un film, c’est résoudre des problèmes, surmonter des obstacles. En route pour le Milliard n’a pas dérogé à la règle. La principale difficulté pendant le tournage de ce film, c’était le voyage par bateau de Kisangani à Kinshasa. Les conditions de voyage étaient si extrêmes qu’on n’était même pas sûr de pouvoir arriver à bon port.

Pensez-vous que ce film contribuera pour les victimes à avoir gain de cause ?

Non. Il faut plus qu’un film pour que les victimes de cette guerre injuste obtiennent réparations. Mais, encore une fois, je suis content que ce film aide d’une certaine manière à tirer de l’oubli cet épisode tragique de notre histoire.

Vous avez fait vos études en médecine. En quoi cette discipline vous aide-t-il  dans votre métier de réalisateur et documentariste ?

Question difficile mais si je devais répondre c’est peut-être cela m’aide à faire un peu plus attention aux autres.

Avec ce succès, considérez-vous déjà comme l’un de meilleurs réalisateurs de l’Afrique subsaharienne pour ne pas dire de la RDC ?

Encore une fois, tout est relatif, même parlant du succès. Et puis, il y a toujours meilleur ou plus grand que soi. Le but pour moi, c’est raconter des histoires qui me touchent et qui peuvent toucher les autres. Et non atteindre une gloriole vaine et creuse.

Comment trouvez-vous le cinéma congolais en particulier et africain en général ? Quoi à améliorer et à encourager ?

Le cinéma congolais est encore à un stade embryonnaire. Nous travaillons pour son éclosion et son épanouissement. Un élément essentiel pouvant nous aider à atteindre cet objectif c’est la culture de l’excellence. Nous devons etre exigeants envers nous-même afin de produire des films de qualité. Et lorsqu’il y a qualité, tout devient possible. C’est aussi vrai pour l’Afrique.

Comment vous vous définissez dans votre métier de cinéaste ?

Mon métier ressemble quelque peu à celui d’un archiviste, un gardien de la mémoire.

C’est quoi les prochains projets de Dieudo Hamadi ?

Une mini série TV (6X52’) en tant qu’auteur-réalisateur. Un long métrage (composé de 4 courts métrages) en tant qu’auteur-producteur et un premier long métrage fiction en tant qu’auteur-réalisateur.

Par David Kasi

 

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