
Réagissant au mouvement actuel pour l’inscription de la rumba congolaise au patrimoine culturel immatériel de l’humanité, Raoul Kandolo insiste sur une lutte utile. Il considère que cette démarche est ne peut impacter que si les bases sont bien posées.
Le critique musical, Raoul Kandolo, pense qu’il faille commencer par définir, au préalable, la rumba. « C’est vrai que la rumba est un genre qui peut bénéficier d’un tel statut. Mais pour être sérieux aux yeux d’éventuels partenaires notamment étrangers, nous devrions savoir techniquement, esthétiquement et historiquement ce qu’est la rumba », s’interroge-t-il. Et d’ajouter : « Nous, professionnels du secteur, ne pouvons pas naïvement continuer à parler de la rumba comme on fait sur les trottoirs de Kinshasa, en désignant toutes les marques de stylos par BIC ! Est ce que toute la musique congolaise moderne se résume à la rumba ? ».
Pour lui, en effet, Wendo Kolosoy, Abeti Masikini, Mpongo Love, Lita Bembo, Papa Wemba, Bella Bella, Zaïko, Isifi, Choc Stars, Kester Emeneya, Pepe Kallé, Tshala Muana, Awilo Longomba, Lokwa Kanza, Ray Lema, Les Wenge… Koffi Olomide, Félix Wazekwa… ne font pas ou n’ont pas fait de la musique rumba. Nous avons actuellement, a-t-il insisté, beau de styles opportuns et éphémères sans écoles qui naissaient et disparaissent vite. C’est cela la fusion qui est un mixe un peu de tout.
Alors, selon ce critique musical, « au lieu de nous battre pour une gloire fausse et inutile sans impact concret sur l’amélioration des conditions globales de la profession, Nous devrions plutôt engager une bataille rangée pour la reconnaissance de la musique congolaise dans son ensemble comme priorité culturelle et économique nationale ainsi que pour une politique volontariste du nouveau pouvoir car notre musique a fait ses preuves comme outil de défense et de promotion de notre culture partout dans le monde. De ce fait, elle recèle de vraies potentialités, en termes de croissance économique et de création d’emplois ».
« La rumba a eu une naissance, une croissance et une fin de gloire »
A l’en croire, il est impensable d’évoquer l’inscription au patrimoine culturel immatériel sans : une formation et compétences, politique de promotion incitative ; une prise de conscience des intérêts culturels, économiques et sociaux ; une définition d’un modèle économique viable ; aucune définition des statuts de la profession et des métiers de la musique ; sans le moindre début du commencement d’une industrie musicale digne et répondant aux défis et aux standards mondiaux, aucune salle de concerts crédible.
« Si nous devrions inverser les choses, celles-ci devraient être réalisées, a-t-il souligné, avec toute la rigueur et le sérieux de nos ambitions. La rumba est une musique des années fin 50 et début 60 (des instruments, harmonies et mélodies afro-caribéennes) avec 3 noms comme têtes de gondole : Grand Kallé, Docteur Nico Kassanda et Tabu Ley Rochereau », a-t-il signifié.
Qui fait la rumba actuellement en RDC ? S’est-il interrogé … Personne !
Selon lui, « Comme tout genre ou style de musique, la rumba a connu une histoire, c’est à dire une naissance, une croissance (indépendance tcha-tcha) et une fin de gloire. Cette musique a le mérite d’avoir mis sur orbite l’envol de la musique congolaise moderne que nous connaissons aujourd’hui, qui est plutôt de la « fusion » faite d’influences et d’apports venus souvent de nos musiques traditionnelles ( Zombo et Ba kongo avec ZAIKO, équateur….Bandundu avec Kester…). La fusion existe partout, selon les pays et les cultures ainsi que les créations locales notamment la musique française, américaine, espagnole, malienne, congolaise, … Et ces musiques comprennent toujours plusieurs genres en leur sein et notre musique ne fait pas exception. Ça serait ridicule que de faire signer au chef de l’État quelque chose dont on ne connaît soi-même ni la définition ni le contenu. Ceci, martèle le critique d’art, d’autant plus que la rumba ne signifie pas à elle seule musique congolaise.
Onassis Mutombo