Le secteur artistique du Nord-Kivu lourdement impacté par la crise du Covid-19
C’est depuis le mois de mars 2020 que le monde entier vit sous les effets Covid-19. Longtemps délaissé, le secteur culturel ou artistique en République Démocratique du Congo est, actuellement, parmi les plus secoués. Au Nord-Kivu, principalement dans la ville de Goma, les acteurs majeurs se sont réunis pour évaluer la situation et proposer quelques pistes.
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Etat des lieux :
– Comme partout, la crise du Covid-19 a d’importantes répercussions à Goma, dans l’Est de la RDC. Des restrictions de circulation ont été imposées le 6 avril pour 14 jours. Cette mesure a été pour la cinquième fois ce le 22 juin dernier, pour la même durée de 14 jours, avec un couvre-feu à 20h,…
– Des mesures de distanciation physique sont également décidées. Elles ont pour effet la suppression de nombreuses activités culturelles et fêtes. Les bars et salles de spectacle, ainsi que les lieux d’exposition, sont fermés jusqu’à nouvel ordre.
– Les restrictions imposées à la circulation dans la province ont entrainé une hausse du prix des biens de première nécessité sur les marchés.
– Les structures culturelles ont réduit leurs dépenses, mais doivent toujours sortir de l’argent (loyer, gardiennage,…), alors que les rentrées se sont réduites.
Conséquences pour les professionnels de la culture :
– La limitation des possibilités de se produire ou exposer a pour conséquence une perte de revenu pour les artistes et techniciens.
– Contrairement à d’autres pays, les artistes et techniciens en RDC ne bénéficient d’aucun filet de sécurité. La perte des revenus de leurs activités les oblige à vivre de leur épargne pour ceux qui en disposent, et sans revenu pour la quasi-totalité d’entre eux.
Le festival Amani et les artistes :
Depuis sa première édition en 2014, le festival Amani promeut les artistes locaux de Goma. Nous organisons chaque année, à partir de six mois avant le festival, les Sanaa Weekend (« Weekend dans l’art » en swahili). Les Sanaa Weekend sont un concours de sélection des nouveaux talents, dont les vainqueurs sont invités à se produire en ouverture du festival. Ils sont organisés par le Foyer Culturel de Goma, et réunissent chaque samedi entre 4 et 5.000 spectateurs. 46 artistes (musiciens et troupes de danse) ont ainsi été promus sur la scène du festival. Parmi eux, 25 sont engagés à temps plein dans la danse ou la musique, et ne mènent pas d’activité en dehors.
La prestation de ces artistes au festival Amani leur a permis de décroché des contrats dans les bars de la ville et de la région.
Perspectives :
– L’annonce de nouvelles restrictions de circulation ainsi que d’un couvre-feu ne laisse pas entrevoir d’amélioration de la situation à court terme.
– Aucune reprise des activités culturelles n’est encore envisagée, quand bien même les mesures de lutte contre la propagation du Covid-19 devait être allégée.
– Pour les artistes, ce temps de mise à l’arrêt peut être mis à profit pour créer et développer leurs futurs spectacles.
– Les structures culturelles auront des difficultés à rémunérer les artistes lors du redémarrage du secteur.
Besoins :
– Dans ce contexte, les artistes du Nord-Kivu ont un besoin urgent de soutien financier. Même si cette période peut être mise à profit pour créer, cela ne permet pas aux artistes et aux familles qui dépendent de leurs revenus, de vivre.
– Dès la reprise des activités culturelles, le secteur aura besoin d’un soutien global afin de redémarrer et continuer à faire vivre les artistes et techniciens qui en dépendent. De nombreux artistes et techniciens risquent d’avoir d’importants besoins financiers, pour rembourser les emprunts qu’ils ont contracté pendant la période de confinement pour répondre à leurs besoins quotidiens.
Propositions :
– Le festival Amani pourrait soutenir ces artistes via des résidences de performance qui seront présentés au festival, au Foyer Culturel de Goma, ou lors des caravanes (concerts ambulant que le Festival Amani organise chaque mois de Janvier et février pour la promotion des artistes dans les différents quartiers de la ville, et notamment ceux où l’accès à la culture est difficile).
Ces activités de résidences et performances permettront aux artistes de survivre à ce temps difficile, tout en espérant un rapide retour à la normale.