Mesdames, Messieurs, chers Compatriotes,
Actuellement la démocratie dans notre pays est de nouveau confronté à un test, une phase essentielle pour sa maturation, à cet effet chacun de nous est appelé à donner le meilleur de lui même pour que *triomphent* les idéaux qui ont étés à la base de son avènement.
Cette interpellation de la conscience coïncide avec les manifestations d’une société prise dans une tempête où les repères sont désordonnés, la raison désorientée, les valeurs inversées, l’urgence devenue mode de vie, le chacun pour soi triomphant au détriment du destin solidaire, ainsi nous sommes devenus une société « sauve qui peut » (article 15, le fameux « débrouillez-vous »).
Si dans cette tempête tourbillonnante qui a obscurci l’horizon, l’étonnement sur l’inflation des candidatures est compréhensible, tant les évidences sont perdues, toutefois l’indexation de l’engagement des artistes dans cette course électorale pourrait cacher un malaise de ceux qui se sont accommodés de cet état de fait et qui en tirent depuis un profit personnel. Les auteurs moraux des phrases telles que : « mboka oyo ekobonga lisusu te » ou « yo, okanisi okobongisa mboka oyo ? ».
Dans cette situation de tempête, toute réflexion à froid ainsi rendue impossible, l’analyse profonde de la naissance des mouvements citoyens ne s’est pas faite, alors que fondamentalement à mon avis, ces mouvements exprimaient un rejet, une rupture et un appel au retour aux valeurs.
Ce même aveuglement accompagne la vague des candidatures des artistes. Il est vrai que les artistes pourraient gêner car ils ne rentrent pas dans cette tradition politique qu’une certaine élite se serait évertué sans succès jusque là a ériger en culture politique.
Je tiens à rassurer avant tout le peuple : ma candidature ne doit pas être perçue comme la recherche d’un ticket pour participer à la « mangeoire nationale », véritable perversion de la mission de l’Assemblée Nationale.
Qui sommes-nous ? Et pourquoi à l’Assemblée nationale ?
Nous sommes avant tout des citoyens, hommes de culture et artistes. « La culture étant la Somme des réponses qu’un peuple a réservé tout au long de son histoire aux questions fondamentales de son existence ». (A. Zaïdi Ngoma).
Comment notre société actuelle se retrouve avec autant des mauvaises réponses à des si bonnes questions ? Comment avec des legs tels que celui de l’émancipation, de dignité, de résistance, d’affirmation de soi, de l’auto-prise en charge, portés par Paul Panda, Kimbangu, Lumumba, M’zee Kabila, pour ne citer que ceux-là, le « chacun pour soi » a pris le dessus sur le destin solidaire ?
Parmi les réponses, il y a la tradition politique, « Les réponses non décodés, la poursuite sans questionnement des réponses qui ont peut être fait leur preuves à l’époque sur des situations actuelles alors qu’elles ne sont pas actuelles ».
Cette répétition des gestes et politiques incohérents a fini par heurter les hommes de culture et artistes que nous sommes. Qui plus que nous dans cette société fait preuve de générosité égalitaire en produisant une œuvre d’esprit pouvant conserver la même émotion, accessible de la même manière à un jeune de la Gombe et de Malueka ?
La politique est champ clos d’intérêts, j’aime à croire qu’il s’agit d’un engagement personnel pour la production des intérêts collectifs et non l’inverse.
Les artistes dans la noblesse de leur travail sont les seuls dont l’activité fait appel au meilleur de l’homme, son esprit à même d’apporter des solutions solidaires.
Pour ceux qui ne me connaissent pas, qui suis-je ?
Dende Esakanu Alex Lexxus (Legal), 40ans cette année dont 25 dans le Hip-hop du République démocratique du Congo. Des prémisses de la danse à partir de mon Lodja natale, une fois à Kinshasa, j’ai peaufiné la technique entre Dodoma, Kato dans la commune de Kinshasa et mais aussi dans la commune de Lingwala et Barumbu. Devenu rappeur dans le milieu des années 90, sous l’influence du groupe américain Public Enemy, dès le départ comme eux, j’opte pour des textes qu’on qualifiera plus tard de conscients et aujourd’hui d’engagés.
L’ensemble de mon œuvre artistique et de mon engagement peuvent se résumer en un mot « Combat » et ce combat s’est mis au Service de plusieurs causes :
L’éveil des consciences de la jeunesse de mon pays et d’Afrique ;
L’espoir, la paix, l’unité, la justice sociale, les droits des enfants valides et handicapés, l’alphabétisation, le droit de la femme, la liberté d’expression ;
L’écologie ;
La reconnaissance de la Culture Hip Hop dans notre pays ;
L’accès au soin de Personnes Vivant avec le VIH ;
Mais aussi ce combat s’est engagé contre le sida, la stigmatisation et la malaria.
Ma démarche artistique a été récompensée de plusieurs titres honorifiques notamment au pays, 3 fois meilleurs artistes Hip-hop Ndule Awards consacré par l’ensemble de la presse du pays, Artiste du Cinquantenaire et en Afrique, Prix de la Renaissance Africaine par Hip-hop Award au Sénégal. J’ai été fait ambassadeur de la lutte contre le Paludisme entre autres.
À ce jour, rappeur, producteur, conseil et développeur des programmes sociaux en rapport avec le hip-hop et entrepreneur agricole. Expert de l’OIF pour les jeux de la francophonie (Nice, France 2013), pour la mise en place de la discipline Danse hip-hop, j’ai eu la responsabilité d’écrire et standardisé les règles de la danse hip-hop pour l’ensemble des pays de l’OIF et à ce titre, je fus le 1er président du jury de la 1ere joute de cette discipline à ces jeux. Pour les 50 ans de l’Union africaine, invité à Addis Ababa, j’ai été co-auteur ARCH, des propositions de vision de 50 prochaines années de l’Union Africaine.
À la tête depuis 2006, de Racine Alternative ASBL, la 1ere association de protection des droits et développement du Hip hop en RDC dont le Festival aiR D’iCi, 8ème édition est l’émanation. Ce festival est à ce jour le plus grand rendez-vous culturel annuel centré sur le Hip-Hop en R.D. Congo.
Malgré plusieurs tournées dans le monde et des opportunités offertes pour le développement de ma carrière à l’extérieur, m’a toujours fait revenir et explique que j’habite toujours Kinshasa.
Ma motivation
Je fais parti de ceux et celles qui pensent que la principale cause de la tempête tourbillonnante dans laquelle se trouve notre société actuelle est la déconnection de la source des réponses enfermées dans notre culture.
Ma carrière encore au vert, j’ai la possibilité de créer, de me vendre, de m’exporter voir même m’expatrier pour un ailleurs présumé meilleur. Je peux garder et améliorer les conditions de ma vie personnelle, tout en restant à l’écart de la politique.
L’engagement dans la politique pour des artistes et hommes de culture comme Jean Goubald, Ados Ndombasi, tant d’autres et moi-même en ce moment précis, doit être perçu comme une réponse au défi de l’urgence, du sauve qui peu, du sur place généré par l’opposition de sens et directions engendrant l’immobilisme de notre société actuelle. C’est une conviction forte que les artistes conscients sont les plus en mesure de reconnecter notre société à la source des réponses, à l’essentiel qui est la solidarité basée sur un destin commun, la chance pour tous d’accéder à une nation offrant une chance à tous.
Je ne ralentirai pas ma carrière à cause d’un profit personnel, en tant qu’artistes, nous le savons mieux que quiconque que, tout nous est prêté et tout doit être rendu. Que notre bonheur se trouve dans la transmission de ce que nous avons reçu. Que notre joie est avant tout, votre joie, c’est le destin de solidarité inscrit dans nous.
Une pause dans le chant faite de vos voix que les représentants n’écoutent plus, pour aller dans le champ politique, à l’Assemblée nationale car humblement nous pensons que c’est là-bas, dans la représentation nationale que la connexion s’est rompue, donc c’est là qu’elle doit impérativement être reconnecté.
Ici, il est nullement question de laisser l’art, l’engagement politique n’est pas une nouvelle carrière, il s’agit de déshabiller nos textes des mélodies, pour que ceux qui n’écoutaient plus vos voix, vos préoccupations, les attendent.
Le choix de l’Alliance avec la dynamique de l’opposition
En tant qu’artiste, Je suis un indépendant, dont l’œuvre artistique est positionnée et politisée mais pas politicienne.
Dans cette approche, j’ai toujours été très critique à l’égard d’une opposition focalisée *sur et contre les personnes* et ne présentant pas des alternatives sur des éléments de gestion, très hostile à l’égard d’une majorité pour sa gestion incohérente, de ce faite, j’ai dénoncé sans détour la médiocrité de cette classe politique.
Ainsi, j’ai longtemps muri l’idée d’une candidature indépendante mais j’ai dû me résoudre à l’idée d’une nécessité d’alliance par réalisme sur le calcul électoral consacré. Dans ce réalisme, il m’a paru fécond d’aborder la question par l’angle négatif : avec qui je ne devrais pas m’allier, quelles que soient les opportunités et les circonstances ? D’emblée j’ai éliminé le cercle de la majorité à qui je reproche globalement une gestion incohérente, teintée d’une politique anti culturelle notoire.
Ceci étant clairement assumé, je suis allé dans le camp de l’opposition où j’ai opté pour une rencontre en tête à tête axée sur la recherche de compatibilités en termes de valeurs, des convictions mais aussi d’ouverture sur la politique culturelle. Ici, je tiens à remercier les différentes personnalités et plateformes pour l’accueil et l’attention portés à ma démarche ainsi qu’à mon projet.
Je rappelle que techniquement un parti politique ou plateforme ne se présente pas aux élections, il soutient des candidats. Dans cette vision horizontale, la question se pose plutôt dans les termes : “Avec quels partis ou plateforme un candidat peut éventuellement s’allier et espérer garder son indépendance.
En tant qu’artiste, je suis fondamentalement opposé au conformisme, devenu tradition politique chez nous, c’est à dire la tendance d’un groupe à s’uniformiser, se caporaliser, en terme de comportements, de pensées autour d’un chef, coordonnateur ou autorité morale.
Pour ne pas faire l’éloge d’un compromis, mes convictions comme boussole, mon choix d’alliance avec la Dynamique de l’opposition s’est basé sur ces éléments :
Une accessibilité de sa coordination et une certaine compatibilité dans la manière d’aborder cette période, L’inclusion de notre projet sur la politique culturelle dans le programme politique du candidat à la présidence de la dynamique en la personne de Mr Martin Fayulu, Lui même démontrant un passif d’une certaine constance, cohérence ainsi qu’une liberté de pensée au sein de l’opposition,
Des garanties offertes pour la défense de notre projet culturel
Une convergence des valeurs basées sur des convictions partagées. Sur le social libéral, nous sommes tombés d’accord que la culture telle que nous la voulons constituerait un rempart contre la sauvagerie du libéralisme.
Pourquoi devriez-vous me soutenir dans cette démarche ?
Humblement, je pense que moi et certains artistes conscients candidats, nous portons en nous cette faim et soif puissantes que vous avez, vous peuple de vous définir par ce que vous êtes réellement, comme une nation, un peuple à vocation de puissance.
Notre plus grande puissance est d’abord notre culture, cette culture doit imprégner tous nos acquis, politique, économique et même spirituelle. Nous devons revisiter le champ des valeurs en se basant sur les réponses prévues dans notre culture. Ceci n’est pas un renfermement, au contraire bien se connaître pour mieux s’ouvrir.
Quel député serai-je ?
Pour ma circonscription Lukunga et pour la Nation, comme l’artiste que je suis, à l’écoute du peuple, des voies et expressions artistiques choisies par ce dernier, au front avec vous pour contraindre l’exécutif à résoudre les problèmes quotidiens dans notre circonscription. Peser sur l’exécutif nationale et urbaines et participer à l’élaboration des textes de lois sur les questions qui prennent la culture comme base et référence des réponses à apporter aux défis actuels et aux besoins quotidiens de mes concitoyens.
La culture ne faisant pas de discrimination, je serai un député consensuel pour les questions d’intérêt général que je ne laisserai pas obstruer par un positionnement partisan.
Pour finir
Je n’oublie pas qu’un député doit aussi porter la voix de la RD Congo. Avec la détermination d’ériger la culture comme rempart contre la balkanisation, vous pouvez être sûr que ma voix défendra de façon certaine une RD Congo une et indivisible dont la souveraineté est non négociable. Le droit de disposer de nos terres, nos eaux et richesses de notre sous-sol, de sa défense et celle de ses filles et fils partout dans le monde, du respect des traités internationaux en conformités avec notre culture.
Si vous faites de moi votre élu, voilà, en substance ce que je veux faire pour vous et cela, je ne pourrais le faire qu’avec Vous.
Dende Esakanu Alex Lexxus, citoyen artiste candidat à l’élection législative nationale dans la circonscription de Lukunga/Kinshasa sur la liste de la Dynamique de l’opposition.
Kinshasa, le 14 août 2018