
Le mois de mars et celui d’avril, loin d’être celui de la célébration de la femme (mars) et de la célébration de la fête chrétienne de la Pâques (avril), auront été en RDC à l’origine d’un feuilleton insolite.
En date du 4 avril 2018, l’opinion a vite fait connaissance avec une correspondance officielle de Fally Ipupa interdisant le passage de ses œuvres sur les ondes et télé du Groupe l’Avenir (Rtg@). L’auteur du célèbre tube « Eloko », estime que cette entreprise de presse congolaise transmet une image écornée de lui.
Le problème serait parti des mauvais rapports entretenus par Fally Ipupa et une autre star de la télévision et de l’internet, Carine Mokonzi surnommée « La baronne ». Ancienne animatrice culturelle au sein de la Rtg@, la dame est officiellement présentée comme l’attachée de presse de l’artiste Héritier Watanabe.
À ce titre, beaucoup de gens estiment qu’elle se charge de l’image des artistes congolais en fonction de la nature de la relation entretenue avec son autre patron. Et Ce, sans en être sanctionnée ni par ce dernier ni par la Rtga. Fally ferait donc les frais de cette ligne de conduite mieux éditoriale de la notoire présentatrice de la chronique culturelle télévisée « Gare centrale ».
Pas une première !
Cette situation entre Fally et Carine, certes intrigante, est cependant loin d’être une première dans le tristement milieu de la presse musicale congolaise. Le Congo aura connu Djo K Kabengele, Serge Kayembe, Zacharie Bababaswe, Hélène Kalema et Marius Muhunga. Tous ayant précédé Carine Mokonzi, ont pourtant versé dans le favoritisme des musiciens au détriment des autres. L’émission « Feu vert » succédant à « Polémique générale » de Zacharie Bababaswe pouvait clairement monter les images d’une salle de spectacle vide avant le concert de JB Mpiana et dire que le concert de ce dernier fut un fiasco.
En représailles, Djo K Kabengele pouvait également faire la même chose contre Werra son. Ainsi, les émissaires de Werra ne passaient jamais chez Djo k et vice versa. Seulement, ces journalistes n’ont jamais été sanctionnés par leurs patrons encore moins par l’opinion publique.
Autres temps, autres mœurs !
Comme rapporté plus haut, le milieu de la musique congolaise a traversé des périodes de grandes hostilités (Jb-Werra, Wemba-Koffi, Wazekwa-Koffi, Jb-Koffi) avec à la clé la privatisation des journalistes, des chaînes de télévision et une partialité surprenante dans le traitement de l’information. Mais les auteurs de ces affres médiatiques n’ont jamais été inquiétés, d’ailleurs ils sont chouchoutés et respectés dans le milieu.
À ce jour, le Groupe l’Avenir n’a pas cédé face à la correspondance de Fally Ipupa et a sèchement limogé sa star de dimanche « La baronne » pour préserver la notoriété qui lui rester. Comme quoi, la presse musicale congolaise a peut-être viré à 360° du scandaleux au sacro saint. Et elle n’aura pas tardé à faire des victimes.
Des tout-puissants chroniqueurs de musiques !
Carine Mokonzi, aujourd’hui possible victime de la valeur marchande de Fally Ipupa n’est cependant pas exempté de tout reproche. N’ayant pas fait d’école de journalisme, cette trentenaire n’a pourtant pas tardé à se frayer un chemin presque dans le roc. Sa notoriété sur la toile et à la télé l’a tour à tour mise sur les chemins de Fabregas avant de tourner son dos et rejoindre Héritier Watanabe en 2015. Et c’est avec ce dernier que Mokonzi est devenue presque le numéro 2, la madame de l’orchestre. Elle prendrait même des décisions grâce à ses avis pointus.
Avoir Carine dans sa poche c’est gagner le combat dans la presse people de la RDC. À quel prix ? Des images ternies, des célébrités insultées, etc. Hier, entre la presse et les musiciens régnait simplement le respect et la mutualité. Aucun sentiment de rédévabilité des uns envers les autres.
Normalement, un musicien qui paye sa promotion voit ses œuvres diffusées. Une star avait le même privilège et un musicien respecté dans la presse également. Ainsi, on pouvait entendre rarement Koffi Olomide ou Wenge Musica lancer respectueusement Bijou Biyevanga, Manda Tshebwa, le regretté Bolowa Bonzakwa dans leurs chansons. Sans plus. Ce qui n’est pas le cas aujourd’hui où la chanson « Lovemycine » de Koffi Olomide reprend la liste des journalistes et d’autres tubes qui publient des journalistes qui seraient meilleurs que les autres. Respect ou redevabilité ? Le cas Carine Mokonzi est un cas d’école et pourra assurément servir de départ pour une nouvelle conception de la presse culturelle en RDC.
Christian Mumpakani, Critique culturel