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Tous derrière les FARDC

Romario Lukau, les arts à la quête de l’identité ancestrale africaine

Né à Kinshasa en 1994, Romario Lukau dit « Rolook » est un artiste visuel contemporain congolais. Ancien étudiant de l’académie des beaux-arts, la démarche artistique de Rolook s’inspire des pratiques africaines traditionnelles du Body’art et de la scarification.

Il compose et représente des sujets qui renvoient directement à des pratiques ancestrales dans le but d’attirer l’attention sur la nécessité de reconnaitre sa propre histoire, la partager et la faire exister à l’échelle mondiale.

Gradué, en 2015, à l’ABA en option peinture, Romario et l’art, c’est une vraie histoire qui date depuis l’enfance. «Mes parents avaient la connaissance de l’académie des beaux-arts et moi, j’avais commencer à dessiner depuis l’enfance. A la fin de l’école primaire, j’ai directement embrassé l’institut des beaux-arts » se souvient-il. Et de poursuivre devant le micro de arts.cd « Mes parents m’ont orienté à ce que je voulais faire et aujourd’hui c’est devenu ma vie ».

Artiste engagé et vivant de son art depuis son aventure académique, il cherche à exprimer tout ce qui gangrène sa société sur ses tableaux. « Pour moi, l’art est un moyen d’expression. C’est dans l’art que l’artiste transmet sa vision et fait passer le message de son vécu. Il me permet de parler des choses qui passent dans mon entourage, d’extérioriser ce qui est en moi. Bref, mon art vise à faire prendre conscience des défis qui nous entourent».

La valorisation des traditions ancestrales

Œuvre d’une femme pensive ph. Tiers

Romario est l’un des jeunes artistes congolais qui adaptent les techniques modernes de peinture à la valorisation des traditions ancestrales africaines. La marque caractérisant ses œuvres sont les petits carreaux multiformes qui apparaissent sur les corps humains.

Il se justifie  : « j’évoque aussi l’histoire du passé de là où nous étions. C’est important de savoir d’où nous venons, où est ce que nous sommes et où on va. Aujourd’hui, la notion d’identité a beaucoup changé. La mondialisation a tout basculé. C’est dans ce sens sur ça que je spécifie mes tableaux de peinture».

Se portant garant de la résurrection de ces traditions, il indique qu’il s’inspire de  «l’histoire africaine et là précisément, de l’écriture sur la peau, des marques, des scarifications qui sont des formes codées de savoir que nos ancêtres utilisaient pour organiser la société. Je veux ressusciter ces valeurs perdues à cause de la colonisation ».

Invité du Festival Tazama en mai 2019, à Brazzaville, Romario a déjà fait plusieurs expositions en RDC et ailleurs, notamment en Côte d’Ivoire, en France et au Sénégal, où il a avait présenté sa série « Entre rêve et réalité ».

Dévoilée à l’exposition collective VIVRE Photographie de la résilience 2019 à Gorée, cette série mis l’artiste en scène sur le rivage du fleuve Congo pour interpeller les siens et les pousser à réfléchir sur leurs rêves d’ailleurs et leurs vision, erronée, de l’Europe comme Eldorado afin qu’ils évoluent.

Etant membre co-fondateur du collectif « Tokeyi » qui veut dire « Allons » en lingala, un groupe des jeunes artistes kinois au profit du développement et de la recherche en arts, Lukau rêve déjà grand et veut une fondation. « Nous avons été formés, c’est à nous de former les autres. Je vais créer une fondation qui va travailler sur le développement, l’éducation et des arts plastiques. Cette fondation va travailler avec les enfants démunis », déclare-t-il.

Ayant déjà une décennie de carrière, Romario, grâce à un comportement artistique original et une quête d’innovation, inspire déjà les jeunes peintres de la ville de Kinshasa où il vit. Si la crise sanitaire liée au Corona Virus ne dure pas longtemps, il devra faire une exposition solo en Belgique au mois de Septembre 2020.

David Kasi