
Au crépuscule du 6 avril dernier, l’institut Français de Goma a accueilli la première de « Ne t’étonne pas si ma lettre sent le sel ». Retour sur cette pièce de théâtre d’un sens littéraire et artistique qui interroge sur la migration africaine.
L’immigration est un fait courant et palpable pour le continent noir. Selon le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés, plus de 100 000 Africains ont traversé la Méditerranée en 2021 en direction de l’Europe. Sans compter ceux qui laissent leurs peaux en mi chemin.
La pièce » Ne t’étonne pas si ma lettre sent le sel « , met en scène deux personnages ; interprétés par les deux comédiens congolais Lucien Kambumbu et Cynthia Maarifa. L’homme et en abstrait une nébuleuse « sa conscience », qui se retrouvent dans un périple.
Voie périlleuse !
L’homme décide de prendre la voie de la mer en complicité de confidentialité avec son frère cadet pour rejoindre l’Europe afin de fuir la misère et les arriérés de salaire dans son métier de professeur. Pour lui rester là et voir impuissamment ses parents vieillir dans cette pauvrette est une insulte ; partir est une solution pour un avenir meilleur.
Durant tout le trajet et jusqu’à son installation en Europe, il écrit à son frère resté au pays et, avec qui il partage son secret pour lui faire part de ses aventures ainsi que ses incertitudes.
Ses lettres finiront par devenir ce qu’il aura de plus précieux et qui, au dépend de tout, l’aidera à s’accrocher; même quand le désert et la Méditerranée tenteront de l’avaler ou le froid de l’hiver, tentera d’avoir raison de lui.
La pièce, qui a fait 1h 10´, a chamboulé la salle de spectacle de l’institut Français de Goma, obligeant une mise en scène dans un décor unique. Les murs de la pièce, symbolisés par les barres et des draps blancs, ont représenté l’au-delà, la mer, la ville, la plage avec à l’intérieur des objets qui sont à la fois costumes et accessoires de scènes. Ces objets marquent à la fois le plein et le vide et tout a été complété par un paysage sonore et scénographique-lumineux.
« Ne t’étonne pas si ma lettre sent le sel » est un chant, un poème, un récit, qui permet aux spectateurs de découvrir un langage perçant et percutant, un dialogue parfois classique où les deux personnages non complices s’entremêlent, discutent, se contredisent, se complètent et ses posent des questions sans réponses.
Spectacle bien servi !
« Le spectacle a été un très bon régal, une satisfaction, une réussite. L’attente était grande et le plat servi a su combler… », a analysé Alexis K’ant, écrivain congolais et lui-même comédien.
« Mon oeil n’a pas cessé de regarder avec attention vive le côté motivation, le côté entrepreneuriat, le côté liberté, le côté challenge que le dramaturge nous a accordé de découvrir. Entre peines et décisions à relever le grand défis, le personnage s’est accaparé de tout le public » conscincieux bien-sûr » et dont je faisais partie. », a-t-il ajouté.
David Kasi / Nord-Kivu